Je viens de recevoir le bilan du SNEP (Syndicat National des Editeurs Phonographiques). Comme d'habitude, c'est affligeant de bêtise.


Tout d'abord, ce bilan s'appuie sur les recommandations du rapport Olivennes.

Rappellons que le sieur Olivennes, ex-potzo-à-la-Carla, est celui qui se fait passer pour un imbécile notoire avec son combat acharné contre ces enculés de pirates (ses consommateurs, en réalité), qu'il est dirigeant du plus grand fossoyeur de musique français, la FNAC (lire mon article 'la FNAC tue la musique'), et qu'il ne fait là que défendre des intérêts industriels (en gros, les fabricants de plastoc), à des années lumière des intérêts des artistes, labels et éditeurs.

Rappellons aussi que ses préconisations se basent sur des idées purement liberticides, comme la fin de la protection des données à caractère personnel, en parfaite corrélation avec les directives de notre dictature actuelle - ah non pardon, notre "gouvernement" actuel...


Ce bilan défend ensuite une extension de la durée des droits des artistes et producteurs, s'appuyant sur "plusieurs études récentes", en omettant bien sûr de mentionner les études contradictoires.

Il nous explique que les producteurs des enregistrements de Dalida, de Sacha Distel, de Michel Legrand, de Barbara, de Richard Anthony... Yvette Horner... Hervé Vilard.... Georgette Plana... Mike Brant (oil, la liste est édifiante)... que tous ces pauvres gens vont pu pouvoir gagner plein des sousous puisque leurs oeuvres ne vont pas tarder à tomber dans le domaine public. Oulala quel honte!! Le domaine public...

Bon, en réalité, il s'agit bien là du catalogue des gros, qui petit à petit ne va plus rien valoir, accélérant la disparition inéluctable de ces derniers. MAIS TANT MIEUX!!!! On s'en fout de la survie des gros. Ce sont eux qui ont tué le marché du disque, qu'ils crèvent, ça ne fera que du bien à la musique et aux artistes.

Parler de la "fragilisation de l'exploitation commerciale" pour des oeuvres qui tombent dans le domaine public c'est un peu fort de café! Il s'agit en fait de la fragilisation de l'exploitation commerciale des catalogues des gros, encore une fois... Catalogues qui sont exploités en dépit du bon sens depuis l'apparition du CD, rappellons-le... dans le cadre d'une exploitation qui ne cherche que la rentabilité et a fait une croix sur l'artistique depuis déjà plus de 15 ans!!

Quand le bilan parle des "investissements consentis par les producteurs phonographiques en termes de développement artistique" on ne peut que se gausser abondemment.

Je travaillais chez Universal au début des années 2000, je devais collaborer avec plus de 20 directeurs artistiques de ses différents labels en tant que talent scout (par l'intermédiaire du site balanceleson.com, dont j'étais en charge). En réalité, je n'ai pas trouvé de directeur artistique dans ces labels, il n'y avait que des directeurs de production chargé de réaliser des enregistrements pour des gamin(e)s que les patrons s'étaient tapés, du préfabriqué façon "ce qui a marché l'année passée" ou du karaoké type StarAc.

Le développement artistique, en maisons de disques, c'est simple, ça n'existe plus depuis longtemps!!! Comme le disait le comique troupier Pascal Nègre, "si Jim Morrisson ou Jacques Brel venait dans mon bureau aujourd'hui, je ne les signerai pas"... Pas d'autre question, votre honneur...

En résumé, prétendre que "la durée de protection constitue un facteur d'incitations pour développer les investissements en matière de nouveaux talents", c'est bel et bien prendre nos vessies pour des lanternes. "30 millions d'Euros chaque année pour le développement des nouveaux talents" ça c'est la meilleure !!! Ils sont où les 30 millions? Dans les poches des amis et de la famille plutôt, oui... Parce qu'en terme de nouveaux talents, ils sont où??? Des noms, des noms!!!!!


La réduction de la TVA sur la musique enregistrée.

C'est une évidence, mais présenter ça comme un combat essentiel de défense des artistes, c'est du gros foutage de gueule, du bon écran de fumée, de la poudre de perlimpinpin... On ne reviendra pas là-dessus.


Un nouveau "top des ventes physiques et numériques".

La blague!! Quand on compare les ventes physiques avec les disques pressés par les divers presseurs en France, on se rend vite compte que ces "ventes" ne sont pas du tout en corrélation avec le marché réel, que les petits pressages sont absents des statistiques alors même qu'ils consituent le gros de l'activité. Pour faire une image, le marché du disque est assimilable à un iceberg : on ne connaît que la partie émergée, qui ne représente qu'une petite partie de la partie immergée.

En bref, ce "top" serait de toutes façons 100% bidon, comme le top 50 à son époque...

Quand au top des ventes physiques, c'est encore plus drôle. Avez-vous vu le nombre de magasins de mp3 en ligne qui existent aujourd'hui ??? Croyez-vous réellement à ces chiffres qu'annonce régulièrement iTunes afin de prétendre détenir le marché ??

Est-ce que quelqu'un pourrait avoir la décence de s'intéresser à la réalité, à savoir les téléchargements sur le P2P, sur les blogs avec les liens RapidShare, MegaUpload, etc., sur le disques durs qui se copient par Gigas??

Voilà des données qui pourraient être un peu plus utiles... et un peu plus en rapport avec la musique qui se consomme réellement. "Mais ce n'est pas dans l'intérêt des gros que de mettre en exergue la réalité" me direz-vous. Certes...


Parlons maintenant un peu des chiffres...


Le chiffre d'affaire de la musique enregistrée diminue.

Déjà, en raison de la multiplication des petits pressages et de leur vente directe au public en dehors des statistiques, on sait qu'on est dans le flou le plus total. Mais admettons quand même. Et tournons nous vers notre consommateur moyen, qui paie son abonnement internet, son lecteur mp3, ses disques durs et autres supports de stockages, son ordinateur périmé en moins de 2 ans, son temps passé à chercher de la musique... Est-ce que la part de son budget consacrée à la musique a augmenté récemment? Bien évidemment. Nous consommons tous de plus en plus de musique. Et pourtant notre budget "disques", lui, s'effondre jour après jour. Bon, en même temps, on ne trouve plus rien en magasins.

Tout ceci est très logique finalement. On assiste à un flux d'argent depuis les industries phonographiques vers les industries électroniques et telecoms. Vu que les industriels du disque appartiennent à des grands groupes qui font aussi des appareils électroniques, de l'accès internet, des telecoms, etc... Finalement il n'y a que les employés des maisons de disques, devenus inutiles, à plaindre. Lorsque j'étais chez Universal, il y avait 350 employés pour faire le boulot d'environ 40 personnes. Il faut croire que le temps de la pignolade généralisée est révolu...


Les majors ont signé sensiblement plus d'artistes qu'ils n'ont rendu de contrats.

Des noms, des noms, des noms !!!!!!!! Putain, mais j'aimerais bien savoir de quels artistes il parle là, ce bilan truffé au mensonge...


Le tassement du répertoire francophone.

Bon, là, va sérieusement arrêter de nous casser les bonbons avec le répertoire francophone. Le jeune duo français The Do vient de sortir son album en se classant directement numéro un des ventes physiques et digitales la semaine de sa sortie. Le disque est chanté... en anglais. C'est français, monsieur ! Et pas francophone. On s'en tamponne le coquillard de la francophonie. Le français se parle sur une seule note. L'anglais (par exemple) se chante. Nuff' said !!


Bon j'arrête là parce qu'il y a encore des pages et des pages de chiffres bidons et qu'on a quand même autre chose à faire que de pleurer sur la mort des maisons de disques et des distributeurs - annoncée depuis maintenant une dizaine d'année dans les pages de ce blog...

Se faire écho de la floraison exponentielle de nouveaux artistes et de nouveaux enregistrements de par le monde entier, par exemple?

Peace out

Djouls